MONGO BETI N’EST PAS UNE CHANSON POPULAIRE QUI PASSE.
Par Raoul Djimeli
S’il y a un écrivain qui habite notre conscience collective au Cameroun, c’est Mongo Beti. C’est quand même extraordinaire, l’énergie qu’un intellectuel comme Mongo Beti laisse derrière lui, presque 20 ans après sa mort. Il ne se passe pas un événement majeur au Cameroun sans qu’on ne cite Mongo Beti, sans qu’on ne se demande ce qu’aurait pensé l’écrivain, le militant, le dissident qu’il fut.
Dans ce siècle où les médias décident de notre rapport avec l’Histoire, fabriquent de nouveaux héros et (dé)construisent au quotidien notre conscience historique, Mongo Beti résiste miraculeusement à l’effacement.
On a l’impression, en observant les mouvements et l’activisme littéraire du Cameroun, que les figures que l’institution officielle essaie d’élever s’évanouissent, que la dissidence maintient ses propres figures debout ; que c’est la dissidence qui décide que Mongo Beti mérite tels hommages et pas Ferdinand Oyono, par exemple.
On peut prendre l’exemple avec le prof. Eboussi Boulaga, dont la vie et la mort sont les mesures mêmes de la résistance et de la dissidence camerounaise. Je l’ai suivi les dernières années de sa vie. Et chaque fois que je me suis retrouvé devant le Muntu, je me suis posé la même question : Donc c’est Eboussi Boulaga là ici ?! Mais depuis, le nom d’Eboussi Boulaga a commencé à germer à l’endroit où pousse celui de Mongo Beti depuis toutes ces années.
Il faut saluer les citoyens qui nous rappellent l’urgence de notre conscience historique, ces projets qui luttent contre l’effacement de nos monuments intérieurs.
Raoul Djimeli
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#CameroonianWriter